Depuis un peu plus de deux ans, je vis
détaché de presque tout... je n'ouvre que rarement mon courrier ; ne me
soigne que lorsque j'arrive au bout de ma résistance au mal ; reste la majorité
de mon temps libre seul chez moi, ne fréquente qu'une poignée de personnes dont
quatre chats et un chien.
Hier
soir, sous le coup d'un choc que j'évoquerai plus tard, j'ai cédé aux
insistances de P, de me rendre à un dîner qu'il organisait dans le cadre de son
association d'anciens élèves de... grand lycée parisien que j'ai fréquenté,
en dilettante, durant deux ou trois années, je ne me rappelle plus
bien...
Il
me semblait important pour moi de ne pas rester seul ce soir à ruminer ma
déveine... et ce pouvait être l'occasion de saisir une image de celui que je
suis au travers du regard d'autres qui ne me connaissent pas.
À mon
grand dam, il me semble avoir un peu cabotiné... Soit je m'efface soit je
m'abandonne à la vanité. Riant et me moquant de tout, de tous et, heureusement,
en premier lieu de moi-même. Je doute cependant que cela relève chez moi d'une
véritable humilité, je crains même qu'il y ait là un soupçon de stratégie,
ayant compris que c'était la plus sûre façon de désarmer l’ennemi...
Il
faut dire que le vin était mauvais et que j'en ai abusé... dans les limites de
l'élégance bien entendu. J'ai pour principe de savoir rester digne, dans toutes
circonstances...
Le
problème avec ce genre de réunion d'anciens élèves, c'est que tous sont
anciens... Et cela se sent tout particulièrement chez les femmes... Alors,
forcément, ce n'est pas pour me redonner le moral et l'envie de
sortir... Je dois quand même reconnaître avoir retrouvé, avec plaisir, un
ancien camarade plutôt sympathique et avec qui nous avons passé un agréable
moment.
Pour
en revenir à mon propos plus haut, cette incapacité à gérer les choses
quotidiennes administratives, elle n'est que très
peu problématique dès lors que je me cantonne à rester hors du
monde. Depuis six mois, nous projetons un voyage au Mexique pour rendre visite
à I, qui s'y trouve depuis janvier et ce jusque cet été. Ayant constaté les
dates de validité des passeports correspondaient à ce que demandait le consulat
du pays, j'avais jugé inutile de refaire le mien qui restait valable au-delà de
notre retour. Hier, j'ai constaté que cette légèreté s'avérait être une
grave erreur. La compagnie d'aviation, le gouvernement français et le consulat
du Mexique ne semblent pas avoir les mêmes règles... Et il semble bien que
ce soient celles de notre gouvernement qui prévalent ! Le constat est d'autant
plus amer, que je n'ai plus le temps d'en faire faire un nouveau. Je suis
dépité, catastrophé, et plus encore quand je pense à la déception de L, I, D et
particulièrement de J. Cette sensation de ne lui avoir apporté que des peines
me bouleverse plus que de raison... Je vacille !
Certes,
tout espoir n'est pas perdu, je vais essayer un coup "fumeux" ; mais
je sais, par expérience, qu'à jouer avec l'administration il y a de grandes
chances pour que cela se termine à mes dépens. Je craignais ce voyage tout
autant que j'étais impatient d'y être. Une fois de plus, je me sens comme
abattu en plein vol.
(journal de mes sensations)
(journal de mes sensations)
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