(journal de mes sensations)

lundi 31 octobre 2011

Célébrer nos morts

À mourir trop tôt, on est comme épinglé, tel qu'on est, en un clair instantané.
Alors que de ceux qui vont au bout, ne reste qu'un tout, un flou progressif.

Le seul don de la nature vis-à-vis duquel nous sommes tous égaux et dont on se passerait volontiers c'est bien celui d'être mortel. Mais plus que la fin elle-même c'est la manière d'en finir qui inquiète. Pourtant, tout bien réfléchie, passer de vie à trépas ne peut qu'être... brutal ! Mais bon, si ça peut se produire pendant le sommeil, sans souffrances...
J'ai, avec ma grand-mère, souvent cette conversation. C'est de son âge, n'est-ce pas, il serait inconscient de penser qu'il vaut mieux éviter le sujet. Au contraire, en discuter met en avant l'aspect naturel de cet inéluctable, est donne le sentiment de n'être pas seul face à lui. C'est, du moins, ce que nous pensons, elle et moi. Ce que je peux dire, c'est que, bien qu'elle avoue souvent en avoir assez de tout ça, tout de suite après, comme pour se rattraper, parce qu'avant tout nous représentons la vie, elle évoque tous ces petits plaisirs, ces petits rien, qu'elle a et auxquels elle tient...
On dit que l'amour survit à la mort... J'aime cette idée. Lorsqu'un proche ou une connaissance, disparaît, on ne se remémore que les bons sentiments et s'il y avait un désaccord, une haine même, on fini toujours par pardonner. Et pardonner, n'est-ce pas déjà aimer ? Ce faisant, on s'en trouve soi-même soulagé...
Dès lors qu'il s'agit de ceux qu'on aime et, à fortiori de soi, à moins d'effroyables souffrances physiques ou psychologiques, on ne meure jamais trop tard, toujours trop tôt. 
Connaître l'heure de la fin, quel intérêt et quelle pression ce serait ! Mais quel intérêt y aurait-il à nous cacher ce qui se passe après...?
Il me semble que l'après est ici, chez ceux qui restent, ce qui expliquerait l'acharnement qu'ont certains à vouloir laisser leur empreinte, pour la postérité.

"On le mit en terre, et ce fut tout."  
(E.M.Cioran)

samedi 29 octobre 2011

"Quarante"

"2829", quatre chiffres qui en forment deux... dates ! Ce pourrait être un bon titre, à la façon de Wong Kar Wai ! Mais la similitude avec le romanesque de ses œuvres s'arrête à ces quatre chiffres, l'histoire quant à elle, n'est qu'un médiocre sujet d'intérêts, à peine digne d'une lettre anonyme ! Et les héros, n'en sont pas ! Sujets, selon leurs humeurs, leurs peurs, aux compromissions ainsi qu'au commerce des sentiments. La fin ne s'est pas encore écrite, mais ce sera un drame de vies brisées, une tragédie vulgaire avec son lot de remords, qu'aucune fuite n’étouffera. Ce genre de drame bête et ordinaire, à la façon de ceux que racontent les frères Cohen. C'est dire qu'il y a des destins dont on ne peut se cacher, même dans un trou perdu à l'autre bout de la Terre... Ou, peut-être des espaces dont on ne peut s'échapper... Une histoire moins violente, certes, mais tout aussi persistante à l'esprit, à la conscience, le genre que l'on traine comme la misère. Quoi qu'il en soit, il se produira, sans que je m'y sois fourvoyé, même si souvent la douleur, insoutenable, me poussait à considérer ce pire que j'avais à ma portée, ce pouvoir de nuire... je ne m'y suis pas abaissé, j'ai résisté, grâce sans doute à ce je ne sais quoi... 
"Ce je-ne-sais-quoi, si peu de chose qu’on ne peut le connaître, remue toute la terre, les princes, les armes, le monde entier. Le nez de Cléopâtre : s’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé.(Pascal, Pensées, I, 162)"
"Il y a dans les personnes ou dans les choses, un charme invisible, une grâce naturelle, qu’on n’a pas pu définir, et qu’on a été forcé d’appeler le je ne sais quoi.(Montesquieu)"
Mais, comment !? Certains sentiments sont si puissants qu'ils exacerbent nos sens, dont ceux de l'observation et de l'attention. Et, tout, à un moment, se présente à vous. Une aide demandée pour briller ailleurs... une annonce à rédiger, des documents officiels... déjà de fortes présomptions, quelques mensonges, et même presque quelques aveux... Tout cela fut dilué sur la durée d'une relation, épisodique, peut-être seulement d’utilité... 
J'étais éveillé, terriblement éveillé, à tout ce qui émanait d'elle ou l'atteignait. Moi, rien ne m'atteignait, j'étais l'essence de ces sentiments, invincible. J'avais l'espoir, j'étais patient.
Qu'attend-on quand on sait ?
Alors ces mots aujourd'hui, bien que sachant ne plus être lu depuis des semaines, pour ce 29 (le 28, franchement, je m'en fiche) qui sacre un nombre à deux chiffres, tout rond pour les unités et anguleux pour celui des dizaines, son chiffre favori.
Je ne ferai rien d'autre cette fois-ci, c'est déjà bien plus qu'elle n'en fit jamais pour moi... d'avoir résisté... d'avoir écrit cela. Ces mots, abandonnés (il n'y a pas d'autre mot) à l'éventuelle curiosité qu'elle pourrait avoir de savoir si j'y pense encore, si j'en souffre toujours...
Et cela me rend triste, parce que je sens que personne ne fera rien (trop loin ou ne pouvant pas...). Il n'y aura que cette solitude, plus âpre ces jours-là, une punition qu'on s'inflige, je connais cela...

jeudi 27 octobre 2011

D'autres choses qui me préoccupent...

Cinq cent dix billions soixante-sept milliards (en chiffres, ça donne ça : 510 067 000 000 000) de... mètres carrés ! C'est la surface de cette planète. Retirons la surface qu'occupent les océans, soixante-dix pour cent, quelque chose comme trois cent soixante et un billions de mètres carrés, il reste alors cent quarante-neuf billions soixante-sept milliards de mètres carrés de terre ferme. Précision utile pour les anglo-saxons, ici billion ne signifie pas un milliard mais mille milliards.
Il existe plusieurs méthodes de calcul pour déterminer la surface corporelle. Celle de Dubois, m'indique que la mienne est de 1,9832 mètres carrés, arrondissons à deux.
Aux dernières nouvelles, nous serions, ou sommes, sur le point d'être sept milliards d'êtres humains. Je vous passe les calculs précis, ce n'est pas mon truc. Considérons les choses suivantes : deux mètres carrés par humains, enfant, adulte ou vieillard, instinctivement je dirais qu'on doit être plus proche d'un mètre et soixante-dix centimètres, mais, à cette échelle, ça complique le calcul. Et puis, il faut aussi tenir compte que sur cette part de terre ferme, tout n'est pas... confortable...
Donc quatorze milliards de mètres carrés, c'est la surface nécessaire pour que nous puissions être, tous ensemble et au même instant, allongés pour regarder le ciel, se détendre et sentir ceux qui nous entourent. On a de la marge !
Une autre idée, nous devons encore nous entendre sur une taille moyenne cette fois-ci, disons un mètre cinquante. Une chaîne humaine, plus exactement une échelle, nous emmènerait à un peu plus de dix millions cinq cent mille kilomètres de là où nous sommes, soit à peine vingt pour cent de la distance la plus courte qui nous sépare de Mars !
On est peu de chose !
Enfin, c'était pour parler d'autre chose... Parce que pour tout dire, c'est pas tout à fait ce qui me préoccupe, mais ça me fait relativiser...

samedi 22 octobre 2011

Cette solitude qui n'en est pas une.

Je préfère écrire que parler. Pour parler il faut être au minimum deux, moins c'est inquiétant. Alors c'est plus difficile de finir ses phrases, de dire jusqu'au bout ce que l'on a à dire, de se faire entendre sinon comprendre. 
Écrire c'est être seul, en tout cas pour moi. Jamais je me plaindrais d'être seul dès lors que j'écris. Écrire, ça m'ennuie presque de le dire, me suffit ! Pas seulement parce que j'en tire cette satisfaction d'avoir fait, durant un instant, quelque chose qui me parait sensé, mais aussi parce que, du plus loin où je puisse remonter dans ma mémoire, j'ai toujours recherché, inconsciemment, cette solitude.  Et ce n'est que depuis que j'ai commencé à écrire que j'ai compris cela. Cette singularité de caractère devait être en moi à ma naissance, ou peut-être est-elle la conséquences d'évènements inconnus de ma conscience, qui se seraient produit au cours des premiers mois de mon existence ? L'enfant dyslexique qui semblait introverti et timide, savait instinctivement ou inconsciemment (est-ce la même chose ?) qu'il était un solitaire.
J'adore être avec les miens, à peine je les quitte, ils me manquent et cela me déchire de même que la solitude m'effraie, me rend paranoïaque... mais dès que j'écris, j'existe. Toutes mes émotions contenues que je libère alors, provoquent un état de souffrance sans douleur, un état qui me pousse à écrire.
Écrire donc plutôt que discuter. Parce que je peux, sans être perturbé, exprimer jusqu'au bout mon idée, la corriger et, curieusement l'envie d'à tout prix me faire entendre disparaît, je m'en trouve moins vindicatif, plus tolérant aux idées des autres, s'ils prennent la peine de les écrire. Plus compréhensif et réceptif à la diversité des opinions, et plus assuré quant à la mienne.
Nul besoin d'essayer de s'imposer dès lors que l'on fait ce que l'on aime, on est curieux de tout et tous, envieux de rien ni personne. On ne cherche pas à avoir raison, on est !
Face à l'autre, je suis perturbé, je l'écoute moins que je ne l'observe et me trouve très vite embarrassé dès que ce que j'entends semble en désaccord avec ce que je perçois. Je suis aussi très sensible à toutes attitudes agressives. Et enfin je peux être troublé par d'autres choses, plus remarquables selon la nature de l'individu...
Je peux dire que je ne parle pas comme j'écris, que cela soit heureux ou pas, mais selon moi, je suis plus en accord avec ce que j'écris qu'avec ce qu'il m'arrive de dire.
Préférer écrire que parler est peut-être une chance pour ceux qui parfois m'accompagnent ! 
Il y en a pourtant une à qui j'ai presque autant parlé qu'écrit, sans doute ressentant le besoin qu'elle avait d'être bercée, je me suis laissé aller... Quelles âneries j'ai dû lui dire parfois, alors que ce que je lui ai écrit fut toujours en dessous de ce que je ressentais... Avouons-le, parfois, avec elle je me sentais comme quand j'écris, j'existais... 

vendredi 21 octobre 2011

Les raisons du silence

Ma situation n'est aujourd'hui pas enviable, et à bien des titres. Dans l'ordre où cela me blesse : 
Il y ces promesses, bien que rares jamais tenues... Avec, le cas échéant, tout un tas de bonnes raisons pour expliquer ce que moi seul comprends comme un abandon, comme toutes les autres fois... Mais peut-être n'y aura-t-il plus jamais rien, ce qui, évidemment, donne la valeur de ce qui s'est passé à ses yeux... J'y réfléchirai plus profondément au cours des derniers jours de ce mois... Et, tant pis pour les éventuelles vexations, de mon point de vue, rien ne peut être pire...
Il y a, ce bannissement, comme il y en a eu tant d'autres, avant... Pas vraiment justifié, par faiblesse de caractère... Qui pourtant me blesse, me torture et me refroidit quant à me confier à l'occasion de jours meilleurs, à qui je devrais pouvoir tout avouer, au moins autant que ce que j'en entends. Avec qui l'entente et la confiance, devraient régner sans ombres... 
Et puis, il y a cette affaire avec ce qui fut un ami. Incapable de reconnaître ses excès dans une histoire de famille, tout à fait personnelle, il est allé jusqu'à utiliser la justice pour faire valoir ses désirs et ses craintes injustifiées de riche déséquilibré. Rongé par son narcissisme et sa vanité, il a préféré l'acharnement le plus lâche contre celui que son ego indique comme étant le responsable... Il est allé bien trop loin dans la haine pour que je puisse dorénavant lui pardonner... quel gâchis !
Et puis toujours ce quotidien, difficile et chaque jour semblable...
Voilà ce qui a occupé mon esprit ces derniers jours, ce qui m'a contrarié au point de n'être pas capable de venir ici, faire ce que j'aime. Je me sens assiégé par tous ces oublis et mépris, ces haines et reproches. Pourquoi suis-je toujours a recevoir ce genre de comportements, ou plus vraisemblablement pourquoi me marquent-ils tant ces mauvais sentiments que parfois les autres me jettent ? Je ne dois pas encore être à ma place... 

vendredi 14 octobre 2011

... et des bas !

Aujourd'hui, un de ces jours sans ! Un jour ordinaire. En rentrant du travail, je suis quand même sorti courir pour honorer ce beau temps et j'en suis revenu comme éclairci... mais cela n'a pas duré et je me sens maintenant plus las que jamais...
Je n'aurai peut-être pas dû me laisser aller à une sieste, mais j'étais éreinté. Parfois, je crois que le sommeil m'intoxique ! Une sieste peut me mettre dans un état moral déplorable. 
Et pourtant j'en ai eu de si belles... 
La sieste, comme le vin, c'est délicieux à partager, toxique dès qu'on est seul ! 
Qu'est-ce qui peut à ce point m'empoisonner, m'emprisonner ? Me donner cette sensation de manquer cruellement d'ouvertures.

jeudi 13 octobre 2011

Certains jours...

Il y a des matins, comme ce matin, où rien ne va ! D'abord le réveil qui sonne trop tôt, d’ordinaire je l'éteins avant qu'il ne se manifeste... Ensuite, bien qu'il soit très tôt, je ne suis pas seul sur la route et les quelques automobilistes sur mon chemin sont à l'évidence moins réveillés que moi (subjectif, certes, mais c'est mon blog). Plus loin, deux d'entre eux se sont d'ailleurs accrochés créant du coup un encombrement... ralentissement exagéré outre mesure par l'avide curiosité de quelques écervelés. 
Arrivé, trouver une place dans ce parking devient difficile parce qu'il a été décidé de le peindre ! Il faut voir le gâchis, alors que la couleur du béton n'était en rien désagréable, ils l'habillent de bleu, de fushia, et de lignes noires et blanches, partout. Même les plots centrals des voies d'accès sont peints de trois couleurs différentes... De qui se moque-t-on ? On devrait mettre en taule, les individus qui ont proposé ces embellissements inutiles et ceux qui ont décidé cette dépense (sans doute justifiée par des intérêts comptables), de nos jours, c'est d'une scandaleuse provocation ! Ils feraient mieux de nettoyer les indélicatesses de certains usagers (alors qu'il y a des toilettes accessibles partout, mais que voulez-vous, un homme sur trois, dès qu'il se retrouve seul, ne peut s'empêcher de se vautrer dans sa fange, le second se retient par peur d'éventuels représailles et, enfin le troisième, par éducation). 
Au bureau, une chaleur à tomber, parce que chacun y va de son petit frisson pour tripoter les boutons du climatiseur, et de sa bouffée de chaleur pour ouvrir les fenêtres en grand ! il y a des fois ou la démocratie, il faudrait pouvoir la retourner face contre le mur... Cette envie de distribuer des coups de pied au cul... Mais j'ai de l'éducation et surtout l'instinct de survie... 
Chaque dossier sur mon bureau semble empoisonné pour majeure partie par cet autre fléau qu'est l'incompétence (y a-t-il quelqu'un ici qui aurait étudié le Principe de Peter ?). 
Une seule solution : composer ! Mais qu'est-ce que ça coûte, parfois. 
De retour chez moi, un vacarme au dehors, un bruit de pression strident et permanent. La raison ? le ravalement d'un immeuble dans la rue...
Une seule solution : des boules Quies ! 
Incapable de réfléchir, incapable de sensations et d'émotions... sinon ce lourd sentiment d'incompréhension, cette profonde solitude !

mercredi 12 octobre 2011

Un film, une claque

"Et au milieu coule une rivière."
Je ne l'avais pas vu.
Montana ! Missoula ! Bon sang ! quel choc... Je n'ai oublié aucune de ces histoires qui me furent racontées, au point que c'était comme revoir un endroit que je connaissais, que j'aimais.
Les montagnes, les sources chaudes, la rivière et ses rapides. Les plaines et les forêts... La lumière, les nuages, la fraîcheur de l'eau, de l'air... Les granges, les gens...
L'immensité sauvage... Cette infinie sérénité où la cruauté et la violence affleurent à peine, en permanence...
Et comme si ça ne suffisait pas, ces arômes blancs, dans le temple, lors du dernier prêche...
Une claque... il va falloir m'y faire.

Persévérer

Écrire sans avoir rien à dire, pour le plaisir, pour la musique que forment les sons et les silences de ces mots que j'aligne ici en y pensant le moins possible, juste comme ils me viennent, les laisser dire... Obstinément ! 
Écrire ce que cette vie, qu'est la mienne, me donne à réfléchir, depuis toujours, depuis avant même que je sache lire et écrire...
Et s'il s'en dégage quelque chose qui ait un sens, eh bien, tant mieux. Sinon, peut-être y trouverai-je les indices d'une malédiction qui fait que je ne suis jamais ou je devrais être, que je ne fais jamais ce que je devrais faire et que je ne me trouve jamais avec qui je devrais être... D'un de ces mauvais sorts qui s'acharne à toujours me remettre à mon point de départ, comme pour évaluer ma résistance, mon obstination à tenter de faire ce pour quoi je me sens fait.
Plus le temps passe, plus je persévère, plus je me sens en accord avec moi-même. Mais je sais qu'il faut me méfier, la maladie feint parfois la retraite afin de rassembler ses forces et, profitant alors de cette confiance nouvellement acquise, par surprise, m'envahir.
Bref, tenter de récupérer cette vie, que tout ce qui n'est pas moi escroque. Ne pas cesser de me densifier et de m'affûter.
Quel étrange concours de circonstances, alors que je viens d'écrire ces quelques lignes, je reçois par la poste une copie du discours que Steve Jobs fît à Stanford en 2005... 

mardi 11 octobre 2011

Aïeul


Quelques mots à propos d'elle. Moi, je la connais depuis toujours, elle, depuis que je vis. Une femme singulière qu'un drôle de hasard a menée auprès d'un homme qu'elle n'aurait dû que croiser. Bourgeoise devenue paysanne, parce que trop jeune pour être seule elle n'entendit à cette époque que ses peurs primaires...
Fût-elle un jour heureuse ? Lorsqu'elle me parle, je comprends ce que j'ai toujours pressenti, cette question n'a aucun sens, pour elle, pour moi, pour nous tous.
Elle est pour moi un personnage énigmatique. Il y a ces perceptions que j'avais d'elle étant petit, ce qu'en dit sa fille, l'amabilité attentionnée que les gens du village, où elle a toujours vécus, ont pour elle... Rien ne s'accorde tout à fait ! Elle est bien trop complexe pour ne pas être dotée d'un fort caractère, pour ne pas être plus intelligente qu'il n'y parait.
Ce qui me fascine, c'est son état d'esprit. Elle n'est pas aigrie, bien qu'elle ne fût que victime, et condamnée au manque après l'abondance puis à la solitude. Toute sa vie, elle fut une Étrangère, des pensions de son enfance bourgeoise, à ce village perdu de paysans durs et bourrus et maintenant par l'effet de sa longévité, ce grand âge qui fait que plus que le corps qui s'affaiblit, c'est la Vie qui vous fatigue, vous lasse. Et peut-être aussi cette indéfinissable solitude que nous avons en commun elle et moi.
Elle a cette générosité matérielle qu'ont ceux qui ont appris à se contenter de ce qu'il possède. Elle a aussi l’égoïsme de ses sentiments, de ses émotions, de sa personne. Elle n'a rien oublié, rien renié, et si parfois dans une colère qui semble un peu poussée, elle se met à dénoncer ceux qui, il y a si longtemps, l'ont abusé, c'est parce qu'elle souhaiterait pouvoir aider ceux qui aujourd'hui sont à ses côtés. Bien qu'elle sache que l'essentiel dans la vie, ce n'est pas ça... elle n'est pas donneuse de leçons... 
Chacun va jusqu'où son esprit et son âme peuvent l’emmener !



lundi 10 octobre 2011

Correspondances 2.

Après cette fameuse soirée de retrouvailles évoquée ici, la maîtresse de maison qui était à l'honneur ce soir-là, envoya à tous les convives un mot de remerciement tout à fait charmant, où elle nous faisait part de sa grande surprise et de ses fortes émotions...
Ce fut, bien entendu, pour moi l'occasion de faire le malin, en lui répondant immédiatement par ce courriel, comme-ci le sien ne s'adressait qu'à moi-même :  
Il me suffit de recevoir un mot pour que chez moi il en évoque cent ! Sans doute un peu autiste, mes synapses voyagent lentement et me privent du plaisir des bons mots dits, des belles et vives réparties, qui ne surgissent qu'au ralenti... Mais dès lors que je les écris, je passerai presque pour un érudit, un homme d'esprit. Alors, comme de tout ce qui m'amuse... j'en abuse.
Je rentre d'une visite rendue à mes parents, à qui j'ai raconté nos retrouvailles. Le premier mot de ma mère fut : " Isabelle, cette jolie petite brune, que je t'avais empêché d'aller voir un soir..." !!! 
- Il me faut ici apporter quelques explications : Isabelle fut, il y a trop longtemps pour donner une date et rester poli, une de mes premières amoureuses. 
La surprise passée, à peine le temps d'un embarras ne me remettant pas tout à fait... la première chose qui lui vînt à l'esprit et qu'elle lâcha devant toutes ses amies qui s'empressaient autour de nous (...) était que durant notre brève relation d'adolescents, il fallait composer pour nos rendez-vous avec mes immanquables "quatre heures"... à croire qu'une tartine beurrée et un chocolat chaud avaient plus d'importance que la découverte des merveilles de l'autre sexe, ou encore que j'avais peur ! Mais plus vraisemblablement que je me sentais obligé de rentrer chez moi, tout de suite après l'école, afin d'éviter que s'inquiète exagérément ma mère névrosée... le téléphone portable n'existait pas encore... - 
Bon sang, il suffit de quelques goûters et d'une mère angoissée pour rater son entrée dans la vie ! 
Je dois reconnaître que les années qui suivirent ne dérogèrent que peu avec ce qui prenait de plus en plus l'aspect d'une malédiction. Heureusement, j'eus l'occasion de briller de tous mes feux, ainsi que de prendre des bains glacés...
La soirée fut aussi pour moi inoubliable, particulièrement quand ta sœur décida courageusement de me faire briller sur la piste de danse, alors qu'elle n'était vraiment pas à la hauteur de mon incompétence à m'agiter de la sorte - du moins tout habillé - et ne connaissant pas toutes les raideurs de corps et d'esprits qui donnent un aspect amidonné à toutes mes tenues. Et, plus embarrassant encore, de prendre le risque, par la nature même de l'exercice, d'en éveiller une toute autre, plus explicitement localisée. 
Il y eut aussi cette immense détresse psychologique qui s'empara de moi lors d'une tentative de conversation avec ton beau-frère...
Mais moins sérieusement, tu n'imagines pas comme je suis enchanté que nous nous soyons retrouvés, je n'aurai jamais assez d'éloges pour François d'avoir su casser le carcan de toutes ces années qui nous tenaient séparés... 
Cessons donc d’espérer, voyons-nous dès que possible... Pourquoi ne pas aller illuminer un soir Paris de nos histoires, de nos espoirs ?
Il m'a semblé que certains de mes courriers avaient ici une place, parce qu'ils exposent d'autres facettes de ma personnalité, et plus particulièrement cet humour que j'aime à utiliser à mes dépens, mais pas seulement... 

Par monts et par vaux... Parfondru

La campagne de mon enfance. Pas de grands espaces, juste de petits coins verts et odorants. Ça sent les bois, la terre et l'herbe... Le silence n'est troublé que par le chant des oiseaux et des feuilles de peupliers dans le vent. Quand il pleut, la brume s'empare du paysage, l'air s'emplit de ce parfum d'humus qui caractérise les terres riches et sans engrais...
Dans les bois, on sent la présence musquée des animaux sauvages, on pourrait presque les suivre...
La cloche de l'église compte le temps qui ici passe moins vite, on s'y enrichit, intérieurement.
Je retourne sur les pas de mon enfance, dans ces genets où, Indiens armés d'arcs et de lances, nous nous embusquions. Ces grands chênes où, traqués par des loups imaginaires, nous trouvions refuge...
Un peu plus loin, les potagers que nous rançonnions et les cabanes de bottes de foin ou de maïs où nous cachions notre butin. Avant de disparaître dans les bois touffus et sombres, pour manger les pommes et les prunes glanées bien que pas assez mûres et fumer de la "ranquille"(araliacée), nous donnant des coliques qui sonnaient précipitamment l'heure du retour, sous le regard amusé et félin des vrais chasseurs...

















samedi 8 octobre 2011

Ombre et lumière

Que ferai-je sans la musique ? Je ne peux écrire sans elle. Par manque de lumière, elle assure l'éclosion de mes mots. Mais je suis incapable de lire avec... 
Il m'est arrivé de mettre ici des liens pour l'associer à ce que j'écrivais, ressentais, mais c'est exceptionnel. Je pourrais évidemment installer les gadgets nécessaires pour que ce blog propose à l'écoute ce qui m'emporte. Tout comme je pourrais étaler en liste - jamais exhaustive - tous ce que je lis, j'écoute, je mange, je fais... Mais je suis contre. Ce n'est pas une boutique de Farces et Attrapes ! J'écris assez de bêtises comme ça, et puis ma sensibilité va à la sobriété...
C'était dans ma nature, mais c'est une rencontre qui fit que j'y tende définitivement. M'ouvrant à ce que j'avais en moi en commençant par ce livre, "L'éloge de l'ombre. 陰翳礼讃, In'ei raisan" de Jun'ichirō Tanizaki. Mais surtout par son espace de vie et, ce que j'appellerai ses belles coutumes de vie... Sa parcimonie, son minimalisme en flagrant contraste avec la richesse de ses réflexions ! Il en sortait une violence comme une lumière vive mais aussi des crises de profondes pénombres ! 
Je fus fasciné, se présentait à moi tous ce que je cherchais, comme un concentré de tous ce qui me touchait... L'exhausteur de mes émotions, l'exaltateur de mes sensations, le révélateur de mon monde !
Oui, je souffle sur elle, tantôt le chaud, tantôt le froid. Mais la passion n'engendre ni mesure ni raison... Et c'est aussi à l'image de mes souvenirs où chaque bon moment se trouve toujours un peu diminué par un mauvais et chaque mauvais est invariablement effacé par un bon.
Une relation en ombre et lumière. 
Ombre peut-être nécessaire au regard de l'intensité de cette lumière.

vendredi 7 octobre 2011

Pour le plaisir

Plus de pronostics sur les jours à venir. J'avais supputé un mois d'octobre riche en évènements, bien entendu heureux, je ne peux que constater à quel point il commence mal. Présager n'amène que des déceptions, sans doute mieux vaut-il se concentrer sur chaque jour sans rien attendre du suivant.
Quoi qu'il en soit, mon avenir est plus qu'incertain, alors vivre au jour le jour et gérer les catastrophes au fur et à mesure qu'elles se présenteront n'est pas la plus mauvaise chose à faire.
En rentrant de ma journée de travail, j'avais l'intention d'aller courir afin de suivre mes bonnes résolutions. Le ciel n'était que douteux et sans doute pas suffisamment pour justifier mon renoncement. Non, décidément cette flemme est tenace, la moindre déstabilisation psychologique est, elle reprend le dessus, m'apportant les meilleures raisons qui soient de ne pas me surmener en ces temps difficiles. Je fis donc une sieste ! 
Fort de cette oisiveté, je finis "Le petit ouvrage inachevé" de Paul Léautaud pour m'engouffrer dans ses "Entretiens avec Robert Mallet". Dans le premier, je découvris quelques caractères dépeints de femmes en amour qui me rappelèrent tant ceux que je connus. Quelle finesse de jugement dans des propos qui se veulent plus spontanés et directes que littéraires. Et que dire, sinon la même chose, de son avis sur la jalousie en amour ; de cette capacité d’indifférence qu'ont certaines femmes à se donner ; ainsi, que pour la majorité d'entre-elles, d'être perpétuellement animées de sentiments contraires. Cette maîtrise qu'elles ont de leurs désirs, de plaisirs charnels s'entend... Quant à l'amour vénal, il semble qu'il n'y ait là rien d’immoral... pour certaine. Il y a cinquante ans les féministes vilipendaient cette "dépendance instaurée", depuis, seul l'état d'esprit a changé (j'entendis même un jour un murmure qui semblait vouloir justifier cela et qui disait : "en temps de guerre..."). 
Et cette phrase que je ne résiste pas à écrire ici : "J'ai connu une femme si économe en toutes choses, qu'en faisant l'amour, elle regardait à sa "jouissance"."
Aucune misogynie ici, pour ma part, seulement faire valoir une certaine clairvoyance ! J'accepte et revendique même une évidente misanthropie, mais j'aime trop les femmes alors, comment ne pas les haïr de temps en temps ?      
Lire et écrire surtout, voilà bien deux occupations qui me font oublier, l'espace d'un moment, mes soucis et mes préoccupations...

jeudi 6 octobre 2011

Etat d'âme

Cette tristesse qui suit la colère, et qu'une sensation de néant accompagne, comme je la connais bien depuis ces dernières années... 
Petit et jusqu'à il y a peu, j'étais terrorisé à l'idée qu'il me faudrait un jour mourir et plus encore que cela puisse se produire le jour même, la nuit ou le lendemain, trop vite... Depuis un moment maintenant, cela ne m’effraie plus autant, sauf l'éventuelle maladie faisant de vous une charge (plutôt mourir que ressentir l'agacement des autres), qui peut précéder cet inéluctable.
Ce sont, sans doute, ces états d'âme successifs qui m'amènent à penser que tout est à l'image de ces éphémères qui ne vivent que le temps d'une journée, naissant et faisant sans choisir ce pour quoi ils sont faits : tenter d'atteindre la lumière et mourir ! Ou encore, à une route de campagne isolée, où seul un réverbère en éclaire un étroit tronçon ; sortant de la pénombre vous traversez la lumière puis disparaissez à nouveau.
Peut-être qu'après chaque colère, je prends conscience de ce que je suis, de mon insignifiance dans cet infini qui m'entoure. Peut-être que j’accède alors à cet univers où je suis, selon moi, tout ; selon ce qui n'est pas moi, rien ? 
Peut-être aussi est-ce cette perception chez moi qui rend vains tous sentiments médiocres, même si je ne peux éviter d'y céder à chaud.
Je sais, il ne s'agit là que de colères rentrées, qu'expriment, involontairement, les traits de mon visage, qui n'a jamais su rien cacher...
Heureusement, il y a l'amour, enfin c'est ce que je croyais... C'était sans compter avec ça :
http://www.youtube.com/watch?v=fEwWM2hlWI0
The sun's gone dim and the sky's turned black
Cause I loved her and she didn't love back
Johann Johannsson.
Si peu de mots pour dire autant... que mes bavardages.

mercredi 5 octobre 2011

Colère

Bon sang, ce regret que j'ai de m'être tant livré ! Ce mouvement de révolte intérieur contre moi-même qui monte et m'enfle ! Cette déception jusqu'au dégoût des autres. Ce goût d'amertume que je cracherais à leurs pieds sans même un regard si j'étais un autre que moi-même. 
Être hautain et odieux pour à mon tour me lâcher, leur dire à ces girouettes ce que je pense d'eux parfois. Avoir l'audace de souffler le glacial sur leur inéluctable tentative de réchauffement. Claquer la porte et disparaître. À jamais ! Les laisser stupéfiés pour m'avoir sans cesse estomaqué. À quoi sert de menacer qu'un jour il y en aura assez, alors que jamais je ne suis considéré ?
M'obstiner à composer avec ces incapables à se tenir en équilibre, m'empêche de m'émanciper, d'exister.
Mon sac est plein et j'en reste sur le cul ! Mais ce n'est que de la colère, moins contre eux que contre moi-même.

mardi 4 octobre 2011

Maudit mardi.

C'est dingue comme en une journée tout peu basculer.
L'entente radieuse devient discorde orageuse, à nouveau des reproches non fondés ou exagérés, fusent avec l'intention de blesser. Pourtant il n'y avait rien qui ne soit déjà connu... Certes, cette réaction traduit un mal-être, mais voilà, moi j'en ai ma claque du mal-être des autres ! Je ne sais pas si je suis fou ou si je ne fréquente que des fous. Ce qui finalement revient au même. Mais, je suis terriblement déçu de mettre encore fait avoir, d'avoir encore succombé au chant des sirènes.
Il est peut-être temps que je laisse tous et tout tomber et que j'aille voir de l'autre côté de la planète si j'y suis.
J'en reviens donc à l'à quoi bon... je serai toujours, pour tous, celui à qui l'on donne tous les torts pour n'en avoir eu qu'un ! La tête à claques ! Le con de service !
Même ce blog ne me paraît tout à coup n'être plus que de l’exhibitionnisme, sachant que personne, de ceux que je connaisse, ne le lit, quel intérêt peut-il avoir désormais ? Il faut dire qu'ils sont peu, si peu même que la troisième personne du pluriel ne convient pas vraiment ici...
Bref, un de ces maudits jours qui vous replace sur la case départ, effaçant tous vos efforts d'un revers de main.
Pourquoi ne puis-je jamais faire plus de cinq ou six pas d'affilés ? 
Pourquoi n'ai-je jamais le temps d'enfin pouvoir m'élancer ? 

lundi 3 octobre 2011

Inéluctable

Les plus belles émotions s'habillent toujours de simplicité. 
Tout se passa comme si nous ne nous étions pas vus depuis seulement quelques semaines. Bien sûr il y eut la confrontation de cette image que nous avions gardé avec cette apparence que chacun porte désormais. Mais très vite on reconnaît l'âme de cet autre qui vous a manqué, affleurant ses yeux qui brillent, ses gestes osés parce que toucher est essentiel. Et comme pas magie, le charme opère toujours autant, on a toujours été ensemble ! Rien ne sépare jamais ceux qui doivent être ensemble sinon eux-mêmes...
J'imagine qu'en tant que gens de cœur nous avons la chance d'être moins sujet au temps qui passe. Et ce, malgré les pires tourments qu'il nous a fallu apprendre à dépasser.
Nous allons nous revoir, c'est une évidence. On a tellement de choses à partager.    

dimanche 2 octobre 2011

This bitter earth

Je n'aime pas trop transcrire ici ce que d'autres ont écrit. Mais il m'arrive de déroger à cette règle, qui n'en est pas une, quand il me semble que le sujet, ainsi que la façon dont il est traité, correspond à ce que je ressens, traduit mes sensations, me touche...
La musique, cette voix. La simplicité d'un texte qui exprime tant...
Max Richter et Dinah Washington : On the Nature of Daylight. 
http://www.youtube.com/watch?v=D0TnJUsoR7s
This bitter earth
What fruit it bears
What good is love
That no one shares
And if my life is like the dust
That hides the glow of a rose
What good am I
Heaven only knows

This bitter Earth
Can it be so cold
Today you're young
Too soon your old
But while a voice
Within me cries
I'm sure someone
May answer my call
And this bitter earth
May not be so bitter after all

samedi 1 octobre 2011

Tenter sa chance

Aujourd'hui et demain, dans ce quartier, qui est maintenant le mien, la grande braderie annuelle.
Sincèrement, l’évènement n'aurait, pour moi, pas plus d'importance que les jours de marché. Mais voilà, cela m'évoque une robe légère sur de hauts talons clairs, ma main sur ses reins, sentant et suivant chaque mouvement... Esprit et corps tendus, à l'affût. 
Rien ne pouvait nous atteindre, je créais tout autour, un champ de force, une bulle d'attention. J'étais cent, j'étais mille, prévenant le début d'un frisson, la moindre intention... Prenant conscience parfois de ce pouvoir d'envahissement, je la laissais s'éloigner pour qu'elle reprenne souffle, puis je la rattrapais, assoiffer d'elle et de celui que j'étais à ces moments, à ces côtés...
Je vais descendre m'installer à une terrasse pour y lire... Pour avoir une chance de gagner à la loterie, il faut déjà y jouer. Bien que je sois incapable de savoir, ni même d'imaginer, ce que serait mon attitude, mes réactions, si soudain la chance me souriait.