(journal de mes sensations)

mercredi 24 août 2011

Villégiature

J'emménage quelques jours à la campagne, presque en villégiature... Enfin, à deux pas de Paris. 
Les femmes de ma vie précédente sont toutes parties et je suis chargé de veiller sur leur ménagerie : une tortue, trois lapins, quatre chats, un chien et quelques poissons dans le bassin... Ah oui, il y a aussi la pie qui niche au sommet de l'Eucalyptus. 
Dans ce Panthéon féminin, nous ne sommes que deux mâles, moi lorsque j'y viens et un des chats qui, lui aussi, ne fait que venir et partir, allez savoir pourquoi. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas d'autres, mais jusqu'à présent, ils ne sont que des visiteurs n'ayant pas encore acquis de status.
Ce matin, j'ai donc déposé cette volée d'étourdies à l'aéroport, c'est à ce moment que j'ai ressenti cette autre présence, puissante bien qu'évanescente... connue...
Plus de cinq ans ont passé et je ne me sens plus chez moi ici. Je reconnais chaque endroit, presque chaque objet, mais plus rien ne me ressemble, toutes traces de ma présence passée ayant disparu. C'est dans cette absence de marques que m'apparaissent avec plus de précisions que jamais ces signes qui caractérisaient ma présence. C'est dans l'absence que l'on définit le mieux la présence ! Cette constatation m'amène à porter une attention toute particulière aux traces de présence des autres, découvrant des facettes que je ne savais pas voir avant... des détails qui racontent leur évolution durant mon absence, ces pans de vie que je ne connaîtrai jamais, tout ce qui constituait l'intimité... La nature de cette faille qui se crée.
Je ne suis plus chez moi pas plus ici qu'ailleurs. Tantôt j'en souffre, tantôt cela me procure une grande sérénité. Suivre une voie, ce doit être de rester en équilibre entre ces deux sensations. Je finirais bien par me sentir chez moi partout où je me trouve, par ne plus rien posséder d'autre que ce qui m'est utile, par me détacher de tout, par être debout.
Quoi que, de temps en temps, comme ce matin à l'aéroport, un voile de soie noir passe, léger et délicat, en volutes de fumée, qui me transpercent. Subsiste alors une odeur, un sentiment fort et étrange, comme une présence, un charme... l'idée d'un intime compagnon de voyage... reconnu... perdu...
En attendant profitons de cette villégiature inattendue et de ces compagnons qui offrent bien plus qu'ils ne réclament. 


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