(journal de mes sensations)

dimanche 3 août 2014

Pour une photo...

C’était à faire… enfin, c’est ce que je me dis… mais ce désordre dans mon ordinateur, concernant toutes mes photos, ne dérange personne… Je ne sais pas pourquoi j’ai entrepris cette tâche… je cherchais une date… la notion du temps, c’est la première chose qui s’estompe…
J’avais tout remisé sur un disque dur externe… Pour éviter la tentation…
Je ne suis pas fait pour le classement… Oh, il y a bien un semblant d’ordre chez moi, des intentions… mais avec la multiplicité, ça devient vite quelque chose d'effroyablement compliqué.
Il y avait cette photo, seule, en dehors de tout dossier, que j’avais intitulé : dernière photo d’elle… Une photo volée à l’évidence… j’en ai fait tellement de ces photos sans qu’elle le sache. Sans intention particulière… par pulsion… parce qu’ébloui par une émotion inexpliquée… Parce que je pensais alors pouvoir la saisir… j’avais peur de la perdre… cette émotion instantanée. Pour qu’elle survive, qu’elle me nourrisse à jamais…
Je le faisais sachant pourtant combien j’étais incapable de regarder les photos du passé, craignant cette mémoire que j’ai trop vive.
Cette dernière photo d’elle… prise du dessus, elle se penche en avant, les jambes verticales, le corps à l’équerre… Elle avait le besoin perpétuel d’étirer ses muscles, d’assouplir ses tendons… mais peut-être rangeait-elle quelque chose ? Non ! J’y suis... elle posait pour moi ! Parce que je le lui avais demandé pour n’avoir pas pu saisir ce que j’avais vu l’instant d’avant… et elle avait accepté… certainement enchantée par l'idée, à ce moment et, n'étant pas dénuée de tous sentiments narcissiques...
Son tee-shirt remonte jusqu’au milieu du torse ; sa taille, particulièrement marquée, confère à l'ensemble que forment son bassin et ses fesses, une magnifique forme de pomme… moulée dans un legging souple et noir, ce qui ajoute un effet de contraste...
L’ai-je caressée ? J’imagine que oui…
Oh, pas une de ces caresses intentionnelles… Non ! Une de ces caresses qui admirent, une caresse faite pour faire briller, pour élancer…
Puis, saisissant à deux mains ses hanches… c’est mon cœur qui alors s’élance… mon souffle manque de temps… Je sens dans la pulpe de mes doigts et le creux de mes paumes, battre mon sang en une infernale cadence…
Mes mains, tout entièrement moi, suivent la courbe de cette pomme... jusqu’à ce qu’elles agrippent ses fesses…
À cet instant, tout s’arrête… plus que jamais, je me sens une particule de l’Univers, je me sens lui appartenir, être l’Univers…
… allez ! Il est temps… elle se redresse, se réajuste, me regarde avec tendresse et non sans montrer un léger agacement, feint ou pas… et, tout en riant, s’écarte doucement… Je retombe sur terre… étourdi… mais tous mes sens en éveillent, affûtés... pour mieux la défendre, la protéger… la désirer…
Peut-être que je devrais consulter ?
Il y avait aussi cette photo, parmi les dernières… je ne peux résister à l’afficher ici… parce qu’en la regardant, je me dis qu’elle en dit plus que je ne pourrai le faire.
J’ai réussi tout de même à tout reclasser par année… ça m’a pris deux jours entiers…
J'ai récupéré D et J à l'aéroport, hier… enchantées, fatiguées… Je les ai raccompagnées puis suis rentré. Il faut que je me prépare, ce soir je serai à la campagne…
Ces quatre derniers jours me semblent avoir été une éternité… j’espérais autre chose, j’attendais quelque chose… Mais je me suis habitué à ces effets d’âme… à ces espoirs vains… c’est un peu comme une maladie chez moi.




1 commentaire:

  1. Vous avez fait ce que je ne puis faire encore. Pour les mêmes raisons de votre procrastination d'alors :
    Ranger les photos dans des dossiers serait s'exposer à les voir étaler leur vie sans filtre, à la lumière crue du regard.
    Lequel serait instantanément noyé.

    Non, je vous mens.
    Les photos, qu'elles soient sur papier (argentique) ou immatérielles (numériques) sont rangées dans des boîtes ou des dossiers. Chacun portant un nom, une date, des tonnes d'images.
    A se flinguer.
    Il y a aussi dans un certain sachet plastique, une dizaine ou plus de bobines qui attendent depuis presque 8 ans d'être développées. Je n'ai aucune certitude sur l'état des couleurs des pellicules, ni même sur leur lisibilité au développement.
    Absolument pas le courage de les apporter à la boutique du coin.
    Aucun courage.
    Ça me fait comme la sensation de recevoir un courrier dont je redoute le libellé et dont j'aimerais que quelqu'un prenne la responsabilité de le lire pour poser un nécessaire filtre entre moi et l'inévitable nouvelle.
    Absurde.
    Oui.
    Bravo pour votre rangement.
    De ceci aussi vous pouvez être fier.
    Souriez homme de cœur. Il y en a un en vous.

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