(journal de mes sensations)

lundi 22 novembre 2010

Comme ça vient

Je n'avais que cela en tête durant tout le trajet de retour, et puis j'ouvre l'ordinateur et tout disparaît ! Le ventilateur de mon ordinateur portable est désaxé, il est si bruyant qu'il m’empêche de penser... J'avais une perle, une belle perle aux reflets verts et dorés, elle était fine et poudrée au touché, je l'ai égaré... Je suis aussi désolé qu'un mausolée effondré... En revenant, de là où je me trouvais, dans la voiture j'étais absent, c'est ma peine qui conduisait, moi j'imaginais mon autre vie. J'aime bien imaginer cette autre vie que je n'ai pas vécue sinon par le biais de mon imagination, mais que je pourrai vivre. Cela me réconforte, il faudrait que je note tous ce à quoi je pense, mais c'est chaque fois la même rengaine, une fois chez moi, je m'assieds, j'ouvre mon ordinateur, me relève pour me faire un Thé, me rassieds et … je ne sais plus ! Tout petit déjà, ça me faisait ça ! Bon sang quel boucan, je l'ai posé sur une grille de four pour qu'il respire et chauffe moins, mais ce n'est pas pratique pour écrire, ça bouge tout le temps... Où en étais-je, ah oui cette autre vie, je pourrai en faire un sujet d'écriture, mais elle est inintéressante tout s'y passe trop bien... Et celle que je vis, l'est-elle ? Je suis inquiet de ma jolie perle aux reflets verts et dorés, peur qu'elle ait froid qu'elle perde son éclat. Avec cette pluie incessante. Avez-vous déjà tenu une perle dans vos mains ? C'est doux et tiède de votre propre chaleur, vous la posez et c'est alors tout frais comme les fesses d'une femme aimée. Selon la lumière, ses reflets varient et vous ne vous lassez jamais de la regarder, elle vous apaise... Je reviens du marché, enfin plus exactement du Baron Rouge, on y boit du vin, rouge ou blanc selon qu'on y déguste du fromage ou des huîtres, debout sans manières, on salut les visages reconnus, alors forcément on s'y sent bien. Il y avait une jolie petite brune, avec des yeux de braise et des lèvres généreuses comme des grenades, à ses mains, on devinait un corps sec et ferme, mon pote n'arrêtait pas de me faire du coude, j'avais bien remarqué mais moi ce qui me manque plus que tout, c'est de dire : je t'aime ! Un vrai, un de ceux qui vous exposent aux tempêtes, qui vous montrent tel que vous êtes... Le vin désinhibe et me rend trop sensible, tout devient plus... difficile, une sieste s'impose... J'ai toujours en tête, la première, la seule, encore aujourd'hui comme si c'était hier, sur un balcon un après-midi à Capri... Rêver d'elle me bouleverse encore, c'est bon signe ?...
Quelle trêve, j'ai dormi comme une pierre sans rêves, fatigué par tous ces matins tôt levé et par toutes ces soirées tard couché. Lui, n'a pas cessé de ronronner, tenté quelques décollages, pour aller où ?... Ses cheveux poussent-ils, danse-t-elle, rit-elle ? Se penche-t-elle à sa fenêtre pour un autre qui se fait attendre ne sachant pas qu'il ne faut pas faire attendre les fleurs pour éviter qu'elles se fanent. Chaque fleur est un sexe, pensez-y en y enfouissant votre nez. L'odeur est l'intelligence des fleurs disait Montherlant, j'ajouterai que la subtilité est l'élégance de la féminité... Au marché j'ai acheté de la Mâche, pas en sachet, de celle qui a du caractère, avec l'idée de faire une purée sur laquelle je hacherai la Mâche, cela donne un goût subtile, végétale et délicat comme cette femme qui m'habite... L'intimité, seul, c'est un besoin culturel ; à deux c'est une envie, offerte et partagée, un miracle permanent ! Je suis une nature plutôt intime, qui préfère à tout autre plaisir la solitude à deux, c'est tout moi, monsieur Allais !... Au marché, j'ai aussi acheté des fleurs pour ma cadette dont c'est la fête, mon pote, m'a ramené sur son deux roues, enfin trois, heureusement. Derrière assis en hauteur je tenais le bouquet et mon sac-caba, jaune chantier, duquel dépassait deux bouteilles à étoiles d'un litre de vin tiré du tonneau, une botte de cèleri-branches et une baguette de pain... Je pensais à sa tenue à vélo, habillée de son manteau, distinguée, un peu détachée, tout en fluidité... Tant de détails me hantent et m'accompagnent. J'ai tout à coup l'envie d'une brassée de fleurs odorantes, d'un bouquet de vertiges...
  Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd'hui, dimanche, j'ai la sensation que c'est une sale journée qui a commencé ! Il est sept heures et demie et une indéfinissable sensation d'être tout à coup un peu plus seul, m'oppresse. Mon bouquet de vertiges, hier rêvé, prend l'aspect d'un bouquet de vestiges, aujourd'hui piétiné ! Quelle étrange sensation, non sans me rappeler septembre dernier... Je regarde ces photos prises hier soir, ces deux chats qui s'enlacent et se lèchent. Il m'a été demandé pourquoi je photographiais toujours ces chats ? Je ne savais plus quoi répondre, certains actes perdent si vite leur sens !
Une lettre à ma fille pour lui dire que tout n'a pas forcément de sens, mais que les convictions du cœur donnent un cap... Voyons voir cette Mâche...
  Ce matin, le temps ne s'arrange pas, froid et humide, cruel ! Une lueur blafarde m'indique que le jour se lève. De la fenêtre de mon bureau, je vois le ciel, il est si bas et uniformément gris que l'on ne sait plus où il commence où il finit ! Il faut vraiment me dépoussiérer et recommencer à voyager... Pour le reste, je préfère ne pas y penser... c'est comme le temps, bas et gris, sans reliefs, sans avenir...

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