(journal de mes sensations)

jeudi 2 septembre 2010

Il a suffit de si peu

Depuis que Schopenhauer eut l'inspiration saugrenue d'introduire la sexualité en métaphysique, et Freud celle de supplanter la grivoiserie par une pseudo-science de nos troubles, il est de mise que le premier venu nous entretienne de la "signification" de ses exploits, de ses timidités et de ses réussites. Toutes les confidences débutent par là ; toutes les conversations y aboutissent. Bientôt nos relations avec les autres se réduiront à l'enregistrement de leurs orgasmes effectifs ou inventés... C'est le destin de notre race, dévasté par l'introspection et l'anémie, de se reproduire en paroles, d'étaler ses nuits et d'en grossir les défaillances ou les triomphes.
E.M.Cioran

Je ressens pour ma part une certaine aversion à l'encontre des vantards. Ces hommes qui ont toujours à faire valoir des exploits, des réussites, des risques pris, racontars toujours emballés d'une pédante humilité... Peut-être parce que je ne sais pas faire ça, où que j'estime ne pas en avoir les moyens ? De quoi pourrais-je me vanter, pour me faire aimer, puisqu'il s'agit bien de cela ? Je ne me trouve pas exceptionnellement brillant, ma situation générale n'est pas enviable et je suis d'un physique... moyen, je préfère le mot anglais "average", on y entend presque "avantage" ? Non ! moi, je dois envoyer d'entrée ce qui ne devrait qu'être distillé, suggéré . Il me faut faire preuve d'imagination, d'astuce, stratégiquement c'est beaucoup plus... délicat !
Cependant, bien que j'ai peine à y croire, à quelques centimètres près, j'eusse, sans doute, été un vantard !

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