(journal de mes sensations)

mardi 13 avril 2010

Naissance

"L'intensité des sensations a toujours été plus faible, chez moi, que l'intensité de la conscience (sensation) que j'en avais. J'ai toujours souffert davantage de ma conscience de la douleur que de la souffrance même dont j'avais conscience.
La vie de mes émotions a choisi de s'installer, dès l'origine, dans les salons de la pensée, et j'ai toujours vécu là plus largement ma connaissance émotive de la vie.
Et comme la pensée, lorsqu'elle héberge l'émotion, devient plus exigeante qu'elle, ce régime de la conscience, où j'ai opté de vivre ce que je ressentais, a rendu ma manière de sentir plus quotidienne, plus titillante et plus épidermique."

Fernando Pessoa. Mai 1930.

Puisqu'il faut tenter de se situer, de dire qui l'on est... Pour commencer ce Blog, j'ai pensé à ce texte. Sans me définir, il dit mon fonctionnement et donne le ton à venir.
Si la musique et la peinture m'émeuvent, les mots me fascinent.
Un seul sujet, l'émotion ! Qu'importe le sens, toucher l'autre est ma seule évidence. L'autre est forcément celui que j'aime. Pas forcément celui qui m'aime.
Tant d'émotions accumulées font que je déborde, je vis au bord de moi !
La conscience que j'ai de chacune d'elles est si bouleversante, si pressante, qu'il faut que je m'épanche. Mais, comme une envie de pisser retenue trop longtemps, au moment libératoire, rien ne sort ! Le ressenti parait si désagréable qu'il semble préférable de se retenir, privilégiant la souffrance connue et maîtrisée à cette sensation étrange, probablement incontrôlable.
Enfant, une cruelle dyslexie ne me prédisposait certainement pas à la passion des mots, de même qu'une douloureuse paralysie ne me prédisposait pas à la course de fond ! Médiocre coureur, en sera-t-il de même de ma qualité de transcripteur de mes sensations ?
Pourquoi prendre un tel risque ?
Parce que l'on m'a chuchoté d'écrire ! Et que ce "on" me murmurerait de me retenir, que je le ferai !
Un seul sujet, l'émotion ! Et ce "on" n'en est autre que l'incarnation.
L'émotion avec la chair pour écrin.
Il est des rencontres qui font que tout advient, encore ne faut-il pas perdre le lien, apprendre l'équilibre, rester sur le fil, toujours en péril.

Je ne pouvait pas ouvrir cette première page, sans lui rendre hommage.


1 commentaire:

  1. MVDS, Peu sont courageux pour écrire avec une telle honnêteté même pendant que nous pouvons identifier avec la profondeur de l'émotion. Je vous implore pour continuer!

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