(journal de mes sensations)

vendredi 20 août 2010

Errance



Il y a en moi comme un égarement permanent, une condamnation à errer au bord de tout, attendant désespérément qu'on m'invite à entrer. Ne pouvant qu'effleurer, deviner, imaginer, j'ai développé un autre sens.
Je projette mes émotions et, quand elles me reviennent, je sais qui vous êtes ! Bien qu'asociale, autiste par convenance, je connais bien la nature humaine. Je me fiche bien qu'elle soit belle ou laide, seule celle de certain ou plutôt certaine m'intéresse, me passionne. Il y a là déjà tellement à souffrir ! Tant d'espoirs déçus, tant d'espoirs quand même... Alors les autres, je préfère les éviter. Et puis, soyons honnête, ils se fichent bien que je m'intéresse ou pas à leur vie et moi, ça m'arrange !
Plus j'en apprends sur les autres, moins j'en sais sur moi. Il faut dire que tout ce que vous êtes sensé ne pas savoir des autres, est rarement en votre faveur ! Alors quand on a comme moi ce don de deviner avec finesse et justesse ce que l'on ne doit pas savoir... vous comprendrez que je puisse me perdre un peu plus à chaque fois !
Une personne qui compte tout spécialement pour moi, m'a raconté une histoire. Petite, à l'école, lorsqu'elle participait à une sorte de balle au prisonnier, les élèves de sa classe s'acharnaient à la prendre pour cible, de tous côtés les ballons s'abattaient sur elle. Paraissant chétive et fragile, elle était néanmoins animée de cette petite flamme tellement brillante qu'est le charme, précurseur d'un beau charisme. Une singularité qui fait naître chez les autres la cruauté, le besoin irrésistible de martyriser, sans autre raison ni but que d'affirmer leur médiocrité face à ce qu'ils ne comprennent déjà pas et ne comprendrons jamais pour la majorité d'entre-eux... Traverser le gymnase sachant qu'elle serait la cible de tous, nécessitait beaucoup de courage et d'endurance. Elle savait à quoi s'attendre, mais il lui était difficile de refuser de participer avec un argument aussi discutable. Il faut dire que doué de ce charme naturel on commence souvent sa vie en victime pour la finir en bourreau. Le charme provoque les drames !
Et bien en ce qui me concerne, c'est un peu pareil. Ma sensibilité singulière, ce don qui fait que je discerne ce que ressentent ceux que j'aime et par la même occasion ce qui m'est caché, génère en moi un conflit permanent entre ce que je suis et ce que je reçois et ne constitue pas un argument suffisant pour me faire une raison. Conscient de cela, je choisis délibérément de rester, d'aimer, peut-être aussi par peur de me perdre définitivement.
Délibérément, pas tout à fait, à dire vrai, il est un cas ou cela est tellement plus fort que moi, une petite flamme si brillante que je ne martyrise pourtant pas, mais qui elle... m'incendie !

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